Toutes ces béquilles...
Nous préférons marcher avec des béquilles.
Nos insécurités sont si grandes que ces artifices sont devenus nécessaires pour nous croire capables de vivre, pour nous croire à la hauteur.
Où est passée notre confiance?
Que suis-je sans mon auto? Ma télé?
Sans ce nouveau chandail?, pantalon? ou manteau?
Sans le regard approbateur de mes paires?
Sans mon travail?
Sans argent?
Sans mon compte en banque?
Que suis-je sans tous ces bons petits restos?
Sans ces bars et discothèques?
Sans bière et cigarette?
Que suis-je sans internet?
Sans mon voyage dans le sud?
Sans mes skis? Mon vélo?
Sans ma chemise repassée?
Que suis-je au cœur de ce méli-mélo orthopédique? Un véritable humain?
Toutes ces choses nous préoccupent davantage que tout ce qui pourrait susciter en nous un épanouissement libérateur. Ces béquilles nous préoccupent alors qu’elles nous asservissent. Ce qui rend libre nous fait peur. Nous préférons les chaînes de nos béquilles, aux jours légers d’un cœur et d’un esprit libre.
Libéré de toutes ces prothèses, la vie s’aborde différemment.
Le désir de vivre se fait plus ardent, plus authentique.
Libéré de ces béquilles, notre regard se tourne vers l’intérieur à la recherche de notre pleine expression.
Libérés de ces béquilles, nous cherchons à cultiver la Vie qui germe en chacun de nous, puisqu’il n’y a plus que ça d’important.
L’artifice n’est plus nécessaire, il ne comble rien et laisse continuellement un sentiment de vide.
Laissons le tomber.
Laissons tomber nos béquilles et questionnons-nous autrement maintenant…
Que suis-je sans compassion?
Sans fraternité?
Sans joie?
Sans patience?
Sans maîtrise de soi?
Que suis-je sans humilité?
Sans confiance?
Sans créativité?
Sans paix d’esprit?
Sans Amour?
Sans toutes ces vérités du coeur,
Je ne suis qu'un cuivre qui résonne.
…et les béquilles font beaucoup de bruit.
Éric Laliberté